Villes de
papier

2022

Genre : Danse

Chorégraphie : Cécile Loyer
Assistant chorégraphie : 

Éric Domeneghetty
Interprétation : 

Sonia Delbost-Henry, 

Douglas Freire-Carrasqueira, 

Steven Hervouet, Mai Ishiwata et 

Karim Sylla

Plasticien : Barbu Bejan
Musique : Sylvain Chauveau

Textes : Violaine Schwartz d'après des entretiens avec Karim Sylla
Création lumières : Coralie Pacreau

Régie son : Emmanuel Baux


Durée : 

50 minutes - Quintet (en français 

et langue des signes française) e

quatuor (en français)

30 minutes - duo (en français)


Création : 16 janvier 2022 à Équinoxe 

Scène nationale de Châteauroux

Production : C. LOY

Co-productions : Équinoxe 

Scène Nationale de Châteauroux, 

Centre chorégraphique national de Tours 

Thomas Lebrun 

agenda
Pièce pour 4 danseur·ses et 1 comédien
Tout public à partir de 8 ans
En français et langue des signes française

Dans les années 1930, aux États-Unis, l'augmentation rapide du nombre d'automobiles entraîna la construction de nombreuses autoroutes et, avec elles, la création des stations-services. Dans chacune d'entre elles, les automobilistes, qu'il fallait fidéliser, recevaient en cadeau des cartes routières. Chaque compagnie pétrolière avait son cartographe et imprimait ses propres cartes routières. Et, pour s'assurer que ses cartes n'étaient pas copiées par les concurrents, chaque cartographe y inscrivait de fausses villes, des villes imaginaires… des villes de papier, comme une signature ou un copyright. 


Au mois de janvier 2020, je rentrais à la maison avec mon fils César (11 ans à l'époque) à qui j'avais raconté cette histoire, et nous sommes passés devant un campement de réfugié·es installé depuis plusieurs semaines le long du canal de l'Ourcq (Paris, XIXe). C'était un regroupement de tentes identiques, collées les unes aux autres. Du linge était suspendu sur des fils accrochés aux arbres, aux poteaux électriques, coincés entre deux pierres ou deux bouts de bois. Il y avait aussi un baril d'où sortait de la fumée… Mon fils m'a dit alors : 

« Tu as vu, c'est un village de papier ! » On a continué à marcher quelques mètres, en silence, et tout à coup il s'est écrié : « Non ! ce n'est pas ça… parce que, eux, ils sont là pour de vrai, mais ils ne sont pas écrits sur la carte. » 

Ils ne sont pas « écrits »… en effet. Ils ne sont inscrits sur aucune carte, sur aucun papier, nulle part.


La même année, je me suis lancée dans la création d'une série de pièces intitulées Kartographie(s)


Chacune de ces pièces a réuni une trentaine d'amateur·es, habitants et habitantes des départements où elles où elles ont été créées et présentées, et quatre danseurs et danseuses professionnelles ; des femmes, des hommes, des adolescent·es et, parmi eux, des demandeurs et demandeuses d'asile. Notre souhait pour ce projet était de témoigner ensemble de la question de l'accueil des réfugié·es, aujourd'hui, en France.


À l'automne 2020, la crise a rendu difficile l'aboutissement des deux Kartographie(s) entreprises à Châteauroux d'abord, puis Orléans.


Mais le problème reste entier et je remarque que mes enfants se sont habitués à voir des personnes allongées sur les trottoirs – au risque de ne plus les voir du tout. Je veux qu'ils apprennent à s'indigner, à dire non à cette normalisation de l'inhumanité, et qu'ils sachent que l'on peut agir, même par des gestes simples. 


Avec Villes de papier, j'ai donc décidé de poursuivre cette recherche avec (presque) la même équipe, en pensant et en m'adressant cette fois à un public d'enfants à partir de 8 ans.


Karim Sylla a rejoint les danseur·ses Sonia Delbost Henry, Mai Ishiwata et Steven Hervouet. En 2013, sans rien dire, Karim a quitté sa famille parce qu'il ne voulait plus être une charge pour sa mère. Il avait alors 13 ans. Il a aujourd'hui 23 ans et commence doucement à se reconstruire, en dansant.


J'ai également demandé à l'écrivaine Violaine Schwartz, avec qui je collabore depuis 2014, de nous accompagner pour cette création, en s'appuyant sur le témoignage de Karim Sylla.


La version bilingue de Villes de papier, initiée par la Maison de la Danse de Lyon, nous offre l'opportunité de toucher et de rencontrer un plus grand nombre de spectateur·trices. Cette version donne également à la pièce une « nouvelle épaisseur », car Douglas Freire-Carrasqueira, qui signe l'histoire de Karim, met désormais en lumière d'autres situations d'exclusion et de discrimination, celles auxquelles il fait, en tant que personne sourde, régulièrement face.



Cécile Loyer



Entretien avec Cédric Herrou 

Cédric Herrou est agriculteur et actif dans l'aide aux personnes étrangères en situation non régularisée. Les médias ont commencé à parler de lui au milieu des années 2010 alors que ses actions d'entraide commençaient à donner lieu à des poursuites judiciaires à son encontre. Il co-dirige Emmaüs Roya dans son village de Breil-sur-Roya, dans les Alpes-Maritimes, à côté de la frontière avec l'Italie.

Nous sommes allés le rencontrer chez lui en septembre 2020 pour contribuer à élargir et préciser notre compréhension des questions de migration et d'accueil, en vue de la création de notre pièce Villes de papier.



Pour télécharger le dossier artistique : 

Pour regarder le teaser : 




Les captations intégrales du quatuor et du duo en français et du quintet en français et langues des signes française sont disponibles sur demande.







Photos © Géraldine Aresteanu