C'est à l'occasion de la création d'Histoires vraies, à Chennai, que j'ai véritablement découvert le bharata natyam auprès de Renjith Babu et Vijna Vasudevan. J'ai été particulièrement sensible à leur engagement sur le plateau, au fait de les sentir et de les voir totalement traversés, de la tête aux pieds, par leur danse. Une danse ancrée, presque enracinée, dans les corps des danseurs et qui sollicite aussi bien leurs yeux, le bout de leurs doigts, leurs plantes de pieds qui claquent le sol…

J'ai également découvert à quel point le bharata natyam est une danse précise, rigoureuse, lumineuse et puissante. Et l'importance de la transmission directe, de maître à élève : chaque émotion, chaque geste fait l'objet d'une transmission. Mais aussi, chaque émotion, chaque geste est un rituel qui véhicule la force et le poids de cette transmission.

Avec ce nouveau projet, j'ai travaillé avec cinq femmes danseuses de bharata natyam. En m'appuyant sur leur technique et leurs codes, mais aussi sur mon propre langage chorégraphique, je voudrais créer avec elles un chœur qui manifeste tout à la fois la singularité et la force de chacune, et la puissance du groupe, de l'ensemble.

Je conçois ce chœur comme un chant, de résistance et d'espoir, et prévois de travailler sur les notions d'unisson et de rythme, sur les lignes et la géométrie des corps dans l'espace, ainsi que sur la voix et la théâtralité.

Comme pour Histoires vraies, la dimension du voyage, de la rencontre et de l'échange, culturel notamment, est centrale dans ce projet. Elle en est la colonne vertébrale, la source, la raison d'être. C'est pourquoi j'ai souhaité travailler en Inde, puis en France, pour que la pièce et le groupe de danseuses puissent s'alimenter à cette source.