Kartographie(s)

2020
Genre : Danse
Chorégraphe : Cécile Loyer
Assistant chorégraphe : 
Interprètes : Romain Bertet, 
Créateur musique : Sylvain Chauveau
Créateur lumière et régie générale : 


Création : Kartographie#Châteauroux  - novembre 2020 à Équinoxe - Scène Nationale de Châteauroux 
2ème : Kartographie#Orléans - février 2021 à la Scène Nationale d'Orléans
Production : Compagnie C.LOY
Co-production : Équinoxe - Scène Nationale de Châteauroux
agenda
Projet avec et pour un groupe de danseurs et danseuses professionnel·les et amateur·es.

Où il est question de voyages, de traversées, d'errances... 


Il y a autant de Kartographie(s) que de lieux où nous les présenterons. Chaque Kartographie est créée avec et pour un groupe de danseurs et danseuses professionnel·les et amateur·es. 

Les Kartographie(s) réunissent des habitué·es de la scène ou pas, mais venant d'horizons divers et porteur·euses chacun·e d'histoires, d'habitudes et de codes différents.

Elles se construisent à partir de cartes géographiques, de plans et de croquis de voyages. Réels ou imaginaires, ces tracés sont les parcours des interprètes, comme des routes, des chemins. Ils permettent aux interprètes de fixer avec une grande précision leurs déplacements, seul et en groupe, tout en étant déterminés et à l'écoute. L'accumulation de ces tracés, leur superposition, ainsi que les changements d'échelle ont pour but de suggérer l'immensité de l'espace et simultanément l'intimité du groupe et la singularité de chacun de ses membres. 

Lorsque je suis partie pour la première fois au Japon, il y a 19 ans, j'ai été comme en apnée pendant toute la durée de mon séjour. Je m'en suis rendue compte le jour de mon départ, sur le chemin de l'aéroport, car il m'a semblé que je respirais à nouveau. 

Pendant ces 3 mois, pour me conformer aux usages du pays qui m'accueillait, j'avais été vigilante et attentive au moindre de mes gestes ; ma façon de regarder les gens et les choses, ma façon de parler, de me tenir debout ou assise, de manger, de rire et même de sourire. Chaque jour était une découverte et une énigme. J'apprenais ou plutôt je réapprenais des choses simples, des gestes basiques, des actions mille fois répétées depuis l'enfance, depuis toujours, à commencer par la marche. 

Ma rencontre avec l'Inde et ses habitant·es s'est faite aussi, d'une certaine manière, par la marche. Chaque jour, je marchais pour comprendre les habitudes, les codes de ce pays. Je marchais pour me mêler à la foule, pour passer inaperçue, pour me fondre dans le paysage, pour me rapprocher des Indiens et tenter de leur ressembler. Ce fut un échec, comme leurs sourires et leurs regards me l'ont fait comprendre. 

Ce n'est pas facile d'être simplement soi sur une terre inconnue. Ce n'est pas facile non plus de s'intégrer, ni même de comprendre ce qui se fait et ce qui ne se fait pas. 

En partant de mes souvenirs, je me propose, avec ces Kartographie(s), de mettre en lumière d'autres voyages que les miens. 

Je pense aussi aux voyages pendant lesquels la marche devient une course folle, un moyen de fuir, d'échapper à l'horreur et à la mort.
Je pense aux voyageurs qui traversent les déserts, les mers, les montagnes pendant des années pour trouver un refuge. Tous les jours ils marchent pour rester debout et avec l'espoir de retrouver une terre sur laquelle ils pourront respirer. 

Ils marchent pour se mêler à la foule, se fondre dans la masse, devenir invisibles. Ils marchent sans laisser de traces, en effaçant leurs empreintes. Ils marchent pour contourner les barrières et les murs.  

`Cécile Loyer






Crédits photos © Géraldine Aresteanu (1) Aaron Benjamin (2) et Patrick Nauroy (4)