FIASCO+

2005
Genre : Pluridisciplinaire 
Chorégraphe : Cécile Loyer
Vidéaste : Stephane Broc
Plasticien sonore : Vincent Epplay
Créatrice costumes : Anne Buffetrille 
Peintre : Jean-Baptiste Bernadet

Durée : 30 minutes
Production : Compagnie C.LOY
agenda
  • Mercredi 11 Mars 2009 - 20:00
    Festival vidéo de Beaubourg - Paris (75)
  • Lundi 12 Décembre 2005 - 20:00
    Les Cent Dessus-Dessous - Paris (75)
  • Dimanche 11 Décembre 2005 - 20:00
    Les Cent Dessus-Dessous - Paris (75)
« Le temps se déploie dans les coutures de l'être » In Body art, Don Delillo

FIASCO+ est une installation audio/vidéo pouvant fonctionner de manière autonome ainsi qu'à travers des interventions « live » de la part du vidéaste et du musicien. Fruit de la collaboration de cinq artistes d'horizons différents : Stephane Broc (vidéaste), Cécile Loyer (chorégraphe et danseuse), Vincent Epplay (plasticien sonore), Anne Buffetrille (créatrice de costume) et Jean-Baptiste Bernadet (peintre).

Un personnage féminin se démultiplie, traverse et se laisse traverser par différents lieux et moments. Dans des réalités superposées, elle côtoie ses fantômes, ses doubles qui viennent se rappeler à elle.

« Allant et venant je m'en vais. J'irais et viendrai. Partir est venu à moi. Nous tous, serons tous, aurons tous parti. Parce que je suis ici et là. Et je partirai ou non ou jamais. Et j'ai vu ce que je vais voir. Si je suis où je serai. Parce que rien ne vient entre moi. ». Samuel Beckett utilisait l'expression « fiascos en fleur » pour parler des enfants…

FIASCO+ est la rencontre entre 5 personnes +1 ayant l'usage de 5 outils distincts et donc 5 matières différentes : Vincent Epplay (musicien), Jean-Baptiste Bernadet (peintre), Stéphane Broc (vidéaste), Anne Buffetrille (créatrice de costume), Marie-Hélène Renon (chargée de production) et Cécile Loyer (danseuse/chorégraphe).


Le lieu dans lequel nous avons travaillé n'est ni un théâtre, ni une salle d'exposition, ni une salle de concert. C'est avant tout un lieu d'Histoire et d'histoires ; la maison des vétérinaires sur le site de La Villette, à Paris. Ce bâtiment rond est dans la ville mais qui n'est plus la ville ; il est aux portes de la banlieue, au bord du périphérique, sur la frontière Paris/Aubervilliers. Le site de La Villette est un lieu de passage et d'échanges, de croisements plus que de rencontres. Ce sont les mouvements de foules, de masses qui s'inscrivent dans le paysage visuel, autant que sonore. Chacun peut trouver sa place mais les dimensions du site, les distances qui séparent chaque lieu et leurs architectures sont conçues pour recevoir des multitudes, pour multiplier les nombres.


Prendre du temps au milieu de la foule c'est se laisser bousculer, toucher et j'espère traverser par les différences. La Villette accueille aussi et régulièrement des troupes de cirque, qui très souvent vivent autour du chapiteau. Ces voyageurs.euses restent donc quelques temps sur cette croisée de chemins et partagent leurs quotidiens avec les visiteurs.ses du soir et les passants.es du jour. Ils deviennent les locataires des lieux, comme nous, à notre façon, le deviendront.

Notre recherche s'est faite, dans un premier temps en groupe pour réaliser une pièce mêlant, peinture/lumières (photos), sons/musique, images/vidéos et danse.

Le point de départ de cette recherche sera « qu'est-ce que l'origine ? » Ou peut-être… L'origine de cette recherche sera « quels sont nos points de départ ? ». Personnellement et particulièrement, qu'elles sont nos origines et qu'est-ce que cela signifie pour nous. Se mettre en jeu autour de la question de l'ascendance, la filiation et l'exil ou plutôt l'extraction familiale. Ainsi, il faudra questionner aussi bien les outils que la pratique que l'on en a. Simple, élémentaire et essentiel.


Dans un deuxième temps, nous avons fait naître de cette réalisation 5 œuvres personnelles ou 5 parcours solitaires : un film, une série de peintures ou photos ou, peut-être une seule toile, un solo de danse, une oeuvre plastique proche du costume et une bande sons. Ces excroissances de FIASCO+, existeront seules, indépendamment les unes des autres et elles pourront être présentées en solo, ou bien se regrouper en duos ou trios : par exemple, le film pourra être présenté avec la bande sons, le solo de danse pourra évoluer au milieu des tableaux ou des photos, ou peut-être on peut imaginer un duo costume et peinture, ou costume et sons etc.…
Notre idée était d'essayer, ensuite, de toucher et d'associer les lieux qui accueillent le plus souvent séparément ces différentes disciplines (galeries, théâtres, salles de concert, musées, Centres d'arts). Ensuite, ne pas forcément y intervenir avec la pratique artistique la plus appropriée et déjà inscrite dans le lieu, comme la danse dans le théâtre ; de proposer, par exemple, la vidéo et la peinture sur scène, ou la musique au musée, ou encore le solo de danse et le costume dans une salle de concert.


Nous voudrions que chacun garde ses codes, ses exigences, sa façon de travailler dans des lieux qui ne sont pas adaptés à sa pratique, à ses contraintes et à ses impératifs. Ainsi, il ne faudrait pas que le solo de danse devienne une performance au milieu de visiteurs.ses/spectateurs.rices, mais que les visiteurs.ses soient vraiment en condition de spectacle et ceci parce que le solo présenté aura l'exigence du spectacle. De même, le théâtre deviendra un musée et le musée une salle de concert.


Si nous gardons cette rigueur nous nous confronterons aux limites de chaque lieu et c'est avec ces contraintes là que nous devrons repenser notre rapport au spectateur.rice. Ce qu'il voit, ce qu'il entend, assis ici ou debout, dans l'ombre, en silence, en groupe ou un par un. Qu'est-ce qui doit être vu ou entendu ? Pour nous il s'agira d'affiner, de resserrer et d'approfondir…. Qu'est-ce qui doit exister absolument ? Avant tout ?
Nous retrouverons de façon pratique la question de l'origine ; nous devrons épurer, ou peut-être concentrer. Il faudra, pour déterminer « le point d'arrivée » revenir aux sources, à la naissance de l'acte que nous aurons, par le travail, dépassée, transformée et oubliée nécessairement.

La question du public est souvent évoquée par les structures, les institutions : comment toucher un large public ? Comment les sensibiliser ? Comment faire venir un public différent ?
Qu'est-ce que cela signifie, « un autre public », « un nouveau public » ? Nous ne créons pas pour un public en particulier, pour une catégorie de gens, nous ne voulons pas adapter notre langage à certains regards, mais nous voulons nous présenter à des yeux et des oreilles habitués à des sons, des espaces, et des émotions qui ne sont pas les nôtres ; pour éviter de se retrouver entre nous ; de se retrouver seuls.


Aussi le quintet FIASCO+ est une œuvre pluridisciplinaire sans étiquette, « un objet non identifié » que nous nous attachons à présenter dans tous les lieux et à tous les regards.


Cécile Loyer